Retour sur le congrès Nancy Oculoplastic 2019
— Le congrès 2019 —
Lors de cette journée, 24 orateurs venants de toute la France, mais aussi de Belgique et de Suisse, ont communiqué sur quatre items principaux : l’esthétique du regard, la chirurgie lacrymale, la chirurgie palpébrale réparatrice et fonctionnelle et la pathologie médico-chirurgicale orbitaire.
Les 120 internes en ophtalmologie de tout le Grand Est n’ont pas été oubliés et ont été invités gracieusement pour bénéficier de cette journée de formation médico-chirurgicale. Le congrès a été plébiscité par près de 140 conférenciers et exposants, tant pour la richesse et l’intérêt des communications que pour la ponctualité de l’organisation.
— Chirurgie esthétique —
L’amélioration des connaissances anatomiques et l’émergence de nouveaux concepts anatomo-physiologiques ont favorisé l’analyse plus soigneuse des désordres esthétiques du regard et de la région péri orbitaire. L’opposition classique entre la chirurgie esthétique (de confort et d’embellissement) et la chirurgie fonctionnelle réparatrice (correction des malpositions) n’est en pratique plus aussi formelle. Les allers-retours sont fréquents au travers de cette frontière ténue qui cloisonne les deux entités grâce à la diversification des traitements médico-chirurgicaux. Ainsi, et particulièrement en ce qui concerne la chirurgie du regard, le chirurgien ne peut plus être « réparateur » sans être esthétique, ni « esthétique » sans avoir au préalable veillé à protéger, voire à restaurer, les structures anatomiques garantes d’un bon fonctionnement sensoriel.
Outre le vieillissement oculaire intrinsèque (génétique) et extrinsèque (acquis), la sénescence du regard est contingente de la ptose tissulaire, de la perte des volumes et de la dissynergie entre les muscles expanseurs (ouverture du regard) et contracteurs (fermeture du regard).
L’embellissement de la paupière supérieure fait appel à la blépharoplastie supérieure, avec repose du sourcil dans certaines configurations (O. GALATOIRE, Paris). La chirurgie de la paupière asiatique est particulière (PT. SCHMITT, Strasbourg) et nécessite des précautions spécifiques à l’anatomie palpébrale qui se différencie de la paupière caucasienne. Enfin les pertes de volume de la paupière supérieure (P. IMBERT, Toulouse), bénéficie de la greffe micro adipositaire, notamment pour la reconstitution de l’organe en rouleau en cas de paupière supérieure creuse.
La prise en charge du ptosis, qui concoure à l’embellissement du regard, peut être secondaire au moyen de toxine botulique (E. SARFATI, Toulon) à condition que les étiologies soient bien définies, ainsi que les différents traitements chirurgicaux classiques (M. HAMEDANI, Lausanne).
En ce qui concerne la paupière inférieure, les pertes de volumes sont corrigeables par la lipostructure ou greffe micro adipositaire (P. ESCALAS, Nantes), alors que les excès de volume, en cas de lipoptose sans excès cutané, est l’apanage de la voie conjonctivale (JM. RUBAN, Lyon). Le traitement des xanthélasmas est fréquemment chirurgical, parfois médical par laser (E. BAGGIO, Lyon).
Les traitements adjuvants non chirurgicaux appellent aux produits agissant sur l’hypertonie musculaire, par la toxine botulique, et les compensateurs de volume, l’acide hyaluronique étant le plus connu. Les différentes techniques de rajeunissement médical péri orbitaire ont été reprises en détails par T. MALET (Marseille).
— Chirurgie palpébrale réparatrice —
La maladie de Basedow est un motif de consultation dans le cadre de la réhabilitation du regard, du fait de l’orbitopathie dysthyroïdienne qui peut nécessiter des gestes spécifiques au niveau des muscles rétracteurs des paupières (T. MAALOUF, Nancy) ou des chirurgies orbitaires plus complexes réalisées en urgence pour sauver la fonction visuelle (J. LAGIER, Nice).
Tumeurs pigmentées palpébro-conjonctivales, en particulier la mélanose de Dubreuil ne sont pas rares et nécessitent une prise en charge spécifique et attentive, voire pluridisciplinaire (F. MOURIAUX, Rennes).
La lagophtalmie, primitive ou acquise, bénéficie de l’utilisation de matériaux inertes, que ce soit le platine du poids d’or, dans certaines conditions, en association avec des techniques chirurgicales de relâchement des muscles rétracteurs (N. AMAR, Paris).
La gestion des complications opératoires, précoces ou tardives, nécessite une prise en charge avec des techniques appartenant au champ de la chirurgie plastique réparatrice. La parfaite compréhension de la cicatrisation des constituants anatomiques du regard est alors fondamentale (PV. JACOMET, Paris).
L’oculomotricité et les paupières sont inter dépendantes et cette passerelle a été détaillée par A. SPIELMANN (Nancy) par de nombreuses vidéo didactiques.
— Chirurgies lacrymales —
La pathologie des voies lacrymales est spécifique à l’ophtalmologie et comporte une zone frontière avec la chirurgie ORL et palpébrale. B. FAYET (Paris) nous a partagé sa grande expérience pour reprendre les symptômes initiaux du larmoiement, et les indications thérapeutiques actualisées qui ont bénéficiés, depuis 20 ans des biomatériaux, notamment à base de silicone, pour faciliter l’excrétion lacrymale physiologique. Une forme particulière de larmoiement a été décrite par I. LARRE (Reims) : le larmoiement à voie lacrymale perméable.
Pour conclure, différentes techniques de chirurgies oculoplastiques innovantes ont été reprises et détaillées lors de séquences vidéos.
— Chirurgie des orbites anophtalmes —
L’orbite anophtalme est une orbite ne contenant plus le globe oculaire, soit dans les suites d’une éviscération, ou énucléation, ou bien d’une exentération.
La gestion des extrusions d’implants biocolonisables et la prévention des complications infectieuses ont été revues par L. LONGUEVILLE (Bordeaux). Une technique de chirurgie réparatrice orbitaire, faisant appel à la greffe dermo graisseuse, bien connue en chirurgie orbitaire, a été longuement détaillée par A. RETOUT (Rouen), qui a partagé son expérience en la matière. Enfin, l’adaptation prothétique oculaire est le reflet de la chirurgie des cavités et nécessite l’analyse précise de l’oculariste pour adapter au mieux la réparation du regard chez les sujets monophtalmes. Il est parfois possible d’adapter une prothèse de recouvrement (coque sclérale) sur des yeux atrophiques mais toujours en place, afin d’améliorer la qualité esthétique du regard. Le recours à une chirurgie mutilante n’est alors pas nécessaire (J. BORNERT, Strasbourg).